La maison semblait bien trop en ruine pour abriter quelque chose ou quelqu'un, mais le négrier boiteux désirait se mettre à l'abri. Le temps avait tourné bien plus vite que prévu, une averse avait surgi sans se faire annoncer par les habituelles gouttes.
Dommage, une douche n'aurait pas fait de mal à l'autre négrier pensa Gaby.

Octave pénétra en premier dans la demeure, passant par un pan de mur écroulé. La porte était condamnée depuis des lustres par de vieilles planches de bois clouées à la va-vite. Il exposa son plan. Il prendrait le premier étage tandis que Gaby s'occuperait du rez de chaussé.

- Mais quel perte de temps ! On va trouver quoi d’intéressant dans un cloaque pareil ? Marmonna le jeune négrier.

Et il n'avait pas tort concernant l'étage, rien à ramasser. Tout ici puait le moisi, le salon n'était plus que l'ombre de lui même. Un vieux canapé poussiéreux et un fauteuil troué ornaient la pièce. La cuisine ne se portait pas mieux. Rouillé, le frigo était vide et dans un triste état. Traînant sur le plan de travail se trouvait des seringues vides et des morceaux d’élastique. Super, un vieux squatte de psycho....Vraiment une perte de temps.
Il se dirigea vers la dernière pièce du rez de chaussé se trouvant au fond de la maison : une chambre. Tout aussi ravagée par le temps que l'était le reste de la maison. Un lit double trônait au milieu de la pièce, trois cadavres dans des positions suggestives se trouvant dessus comme une parodie macabre de vieux films pornographiques. Deux tables de nuit vides et une armoire tout aussi intéressante se trouvaient également dans la chambre.

- Bon bah, c'est bon je crois... Espérons que ça se calme dehors, je pensais pas que ce type était aussi « chochotte », deux petites gouttes et faut s’arrêter.... C'est ça de partir avec sa bite et son couteau !

Gabriel s'alluma de nouveau une cigarette, tout en se rendant à l'entrée. Il mit ses lunettes, ajusta sa veste afin que le moins d'eau possible ne s'y engouffre et vérifia de nouveau ses armes. Il valait mieux les vérifier pendant cette pause inattendue.
La chasse commençait à peine et il en avait déjà marre...la pluie, ça serait quoi après ? La vidange ?...

Octave était là-haut, ça puait tellement dans ce taudis de merde qu'il aurait fait une attaque si il avait pas été habitué à pareille odeur. C'est simple, l'odeur aurait pu le faire crever aussi surement qu'un coup de fusil a pompe dans la tronche. Salle de bains crasseuse, chambres vides, le top du top dans la catégorie mauvaise prise. Il se targuait d'avoir du flair, et il ne sentait rien de spécial, à son humble avis y avait personne à part eux deux dans ce cloaque bidon.

Fait chier, je déteste ne pas avoir de prise dès le début, ça démotive.

Alors qu'il allait sortir d'une chambre un peu petite, dans laquelle il y avait juste un landeau au bois pourri par l'âge, il crut entendre un bruit. Se retournant, il vit que ça provenait de la chambre des parents. Il dégaina Charlie et le leva. Quoique ça puisse être, ça allait se prendre un coup dans le cul si ça bougeait trop brusquement. Il ouvrit lentement la porte. Là, derrière ce qui restait du lit conjugal, quelque chose se planquait.

Sors de là sac à merde si tu veux pas que je te plombe le derche.

Aucune réaction. Ah c'est comme ça. Ah on cherche les emmerdes? Eh ben on va les trouver. Il rengaina dans le dos Charlie et prit une inspiration. Soudainement il bondit de l'autre côté et mit à terre l'inconnu. En l'état, c'était un gosse de genre 14 ans. Bonne prise, ces trucs-là rapportent beaucoup, y a tellement de pédophiles parmi les Psychotiques. La bonne nouvelle c'est qu'il avait chopé un esclave à vendre. La moins bonne c'est qu'en fait le morveux était pas seul, un autre gars était là, un vieux de 50 balais en face, planqué derrière la porte, qui brandissait un colt 45.

Oh bordel...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que déjà le vieux lâchait une salve. Il se planqua juste à temps heureusement. Bon, Gabriel étant en bas il avait du entendre tout le raffut que ça avait produit et viendrait voir un peu ce qui se passait. Par contre, gare à ce que le gars ne lui tire pas dessus en descendant.

Gaffe Gaby, ce vieux con a un flingue!

Clope au bec et à l'abri, Gabriel attendait tranquillement près de la sortie de la maison. Il est vrai que sa fouille des lieux avait été plus que sommaire. Du rez de chaussé, il pouvait entendre son camarade négrier qui devait retourner quelques affaires à l'étage. Octave devait être plus consciencieux dans ses recherches ; C'était même certain.

Cigarette à moitié consumé, Gaby tapotait du pied, attendant l'arrivé de son coéquipier de fortune. Il commençait à se faire long. Le silence fit place. Octave avait peut être trouvé quelque chose finalement pensa le jeune négrier. Soudain, le silence s’interrompit. Un coup de feu.

- Gaffe Gaby, ce vieux con a un flingue!

Sans réfléchir, Gabriel épaula son Ak et visa machinalement l'escalier délabré donnant sur le premier étage.

- Effectivement, il a trouvé quelque chose le con.

Le jeune négrier se rapprocha de l'escalier, ajustant toujours son fusil vers ce qu'il pouvait voir de l'étage. C'est à dire pas grand chose a part un mur. Il posa son genoux droit au sol pour prendre appui et se stabiliser. La clope arrivait bientôt en fin de « vie ». Gabriel attendait.

Mégot à peine sous la botte, Gabriel commençait déjà à s'impatienter. Cela ne faisait pourtant pas longtemps que le coup de feu s'était fait entendre. Que faire se demandait-il ? Rester là sagement et attendre qu'Octave fasse parler « Charlie » ou bien monter et aider son collègue au risque de sa vie. La question résonna un nombre incalculable de fois dans sa tête en un court laps de temps.

- Fait chier ! Murmura t-il soufflant après coup.

Gaby commença à monter les escaliers aussi discrètement qu'il le pouvait.

Bonne prise ?! En voyant le vieux crasseux qui se tenait devant lui, Gabriel se posa des questions. Le vieux était dans un triste état ; la peau sur les os, barbe de six mois, en guenille, aucune présence. Et il venait de se pisser dessus... Vraiment navrant soupira le jeune homme devant le spectacle pathétique qui se tenait devant lui. Au moins, Octave avait parlé d'un gamin, ça rattraperait peut être ce début de chasse calamiteux.

Gaby se pencha sur l'homme qui était a ses pieds, une pure perte de temps. Le négrier lui asséna un coup de crosse de son fusil en plein visage. Le barbu ne bougeait plus. Il entreprit ensuite de le fouiller ; il avait entendu un coup de feu et son collègue n'avait même pas prit le temps de fouiller la loque au sol. Un colt.45, quelques munitions, un vieux couteau de cuisine rouillé et un vieux livre d'avant guerre pour enfant se nommant « La belle et la bête » .

- Vraiment du travail d'amateur Octave...Et qu'est ce que tu peut tirer de ce machin? 10 francs...Marmonna le jeune homme tout en fourrant les affaires dans son sac.

Gabriel entreprit d'attacher un des colliers au cou du vieil homme. Il se retint de vomir étant donné l'odeur que celui-ci dégageait; un mélange d'urine fraîche, d'excréments non évacué et d'alcool. Il en avait senti des odeurs dégueulasses mais là, c'était vraiment sous son nez. Sacré mélange se surpris à penser le négrier tout en essayant de se camoufler les narines avec ses vêtements. Plus que deux colliers.

Octave revint quelques minutes après, un gosse sur l'épaule. Il le posa brutalement près de son camarade afin que celui-ci lui installe un collier. Le gamin était inconscient. Dans une tentative de garder espoir, Gaby se dit que celui-là au moins valait une somme intéressante. Et le gamin sentait déjà meilleur. Plus qu'un collier.

- Bon, oublie pas de le fouiller celui-là, on les réveille et on se casse fit Gaby. Oh, je te laisse leur faire le topo! A la moindre embrouille, BOUMMM

L'odeur présente dans le taudis aurait suffi à faire claquer toute une armée, déjà que le taudis chlinguait, voilà que le vieux con sentait encore pire, je vous dit pas à quel point j'ai pas de mots pour décrire l'absolu dégoût que ce bout de viande humaine m'inspire, Octave n'arrivait pas à réaliser qui voudrait bien de ça, et à vrai dire il n'avait pas du tout envie de le savoir. Les délires et autres perversions de ses clients ne l'intéressaient pas, il tenait à conserver un minimum de sa santé mentale tout de même.

Ben le vieux nous rapportera un peu de thune si on le veut aux bonnes personnes. Quant au morveux, ma foi il est dans la tranche d'âge parfaite, les gosses de son âge sont en général très bien vendus donc on peut s'en tirer plutôt bien je pense.

Ah le coup du collier, bon sang dans le rituel de la chasse aux esclaves, l'étape du collier était la plus jouissive selon lui, rien de mieux que de leur faire enfiler ces colliers et leur expliquer ce qui se passerait si ils tentaient de partir d'ici. Les pauvres esclaves seraient alors contraints de les suivre comme des toutous suivant leur maitre, ce qu'ils étaient au final. La touche de sadisme résidait dans le fait qu'ils étaient forcés d'aller jusqu'au marché ou ils seraient vendus de leur plein gré, ils ne seraient pas enfermés, ils avaient le choix entre se tirer et mourir ou suivre le mouvement et finir comme esclave. Vraiment génial.

Bon mes poulets vous voyez le joli collier que mon collègue a placé autour de votre cou? Bien, alors je vais vous faire la version courte, c'est très simple vraiment, vous faites chier, on appuie et vous irez bavarder avec le Seigneur Tout-Puissant, si vous restez sages vous aurez peut-être la chance d'être vendu à un mec réglo et pas trop chiant avec la marchandise. Et maintenant suivez le guide charognes!

Ils sortirent donc, dehors il flottait toujours mais le plus gros de l'averse était passé, ils pourraient voir relativement loin autour d'eux, mais la prudence était de mise. Bon allez hop on est repartis pour la chasse, maintenant qu'on a trouvé quelques prises on y retourne, faut en trouver plus diantre!

Gaby, si t'as de meilleurs yeux que moi tu passes devant, des fois qu'on fasse une mauvaise rencontre en chemin. Je me met en arrière pour surveiller le bétail, des fois qu'ils veulent se tirer, faudrait quand même pas qu'on bousille la marchandise avant d'aller la vendre...