Après avoir erré dans Paris, nous avions décidés de nous faire oublier. En effet, Un groupe de psychotiques avait pris en chasse les Cathares et la population ne nous tenait pas dans ces bonnes grâces à la suite de l'attentat au marché. J'avais appris l'existence d'un petit village en Bretagne, assez éloigné de Paris, nommé Ker Trevedig. Après réflexion, nous nous étions mis en marche, Maude, ma fille, Fitzgerald et moi vers ce village. Je réussis à trouver une ancienne carte de France dans une voiture rouillée. Le voyage fut tranquille et je pense que la présence du mutant armé d'un minigun y fut pour beaucoup. La rencontre avec d'autres voyageurs en chemin nous permis de rester sur la bonne route, et la carte nous permis de trouver les provisions nécessaires pour traverser le désert armoricain sans manquer de provisions ni d'eau, irradié certes mais de l'eau tout de même. Ce trajet nous pris quatre jours et quatre nuits. A l'aube du cinquième, nous arrivions en vue du village.
En entrant dans le bar du village, je m'attendais à être reçu comme un chien errant qu'on chasse à coups de pierres. Ce fut l'inverse. Bon ils n'avaient pas déployé le tapis rouge mais l'accueil fut relativement amical. L'homme qui tenait le bar était un gros individu, portant une large moustache et les cheveux roux en couronne de lauriers. Il portait une chemise à carreaux et d'un tablier de cuisine taché, un jean et de grosses chaussures.
" Salut étrangers! annonça le tenancier avec un sourire
" Bonjour.
- Z'arrivez d'où comme ça? Paris? Plus loin peut-être? Allez vous asseoir. J'arrive dans 2 minutes"
On ne se fit pas prier. Je repérai une table dans un coin du bar, surplombée d'une affiche présentant un vieux groupe de musique folklorique bretonne. Je la regardais fixement tandis que le barman revint nous voir en nous disant:
" Alors qu'est-ce que j'vous sers?
- Mmmh? Oh pardon. Euh...c'est qu'on est un peu fauché. On a plus un seul franc.
- Des francs? Vous devez venir de Paris. Ici on paie toujours en anneaux. Ces Parisiens j'vous jure. Ca fait un truc et ça crois que le monde doit faire comme eux!
- Maude, il t'en reste?
- Trois ou quatre pas plus. Désolé
- Bon pour 3 anneaux vous pouvez commander une bière, un whisky ou une soupe de poisson.
- On va prendre la soupe pour la gamine. Merci
- Y'a pas d'quoi!
Maude me dévisagea alors que je regardais à nouveau l'affiche au dessus de notre table. Elle me donna un coup de coude et me dis:
" Comment on va faire? On ne vas pas aller bien loin.
- Tu te souviens de notre projet, lorsque nous étions à Poitiers? Je crois qu'on va pouvoir recommencer ici. On peut reprendre à zéro.
Après plusieures minutes, le tenancier revint avec la soupe en disant
" C'est offert par la maison vu qu'c'est pour la gamine. Et je ne risquerais pas à nouveau le regard réprobateur de ma femme.
- J'vous comprends. Moi c'est pareil. déclarai-je avec un sourire au lèvres. Maude sourit et me donna une tape sur l'épaule. Dites. C’était qui ces gars là? demandai-je en désignant du doigt l'affiche. Le tavernier sourit et dit:
" C'était un vieux groupe de musique local. D'avant la guerre. Ils étaient très doués.
- Y'a-t-il quelqu'un qui pourrait nous apprendre votre musique?
- Par les verrues d'une brahmine qu'est-ce que vous m'chantez là?
- Ecoutez. Je veux juste apprendre à jouer la musique que faisait ces types. C'est tout.
- Ben y'aurai bien Yann. C'est un éternel vieux grincheux qui habite de l'autre côté du village. Vous pouvez pas le louper. Vous le repèrerez lorsqu'un fusil sortira d'une maison ainsi qu'une volée d'injures plus copieuse les unes que les autres.
- Merci"