Félix était accoudé au comptoir sale du bar des immondices, les yeux vides fixés sur son verre de whisky à moitié vide. Les rires autour de lui n'ébranlaient pas sa déperdition. Puis d'un coup il s'effondra, la tête la première contre la surface de bois, explosant au passage le verre d'alcool. Il s'affala lourdement sur le sol, le visage ensanglanté par les éclats de verre.
Les rires ne s'arrêtaient pas pour autant et le barman vit signe aux habitués de virer la loque qui venait de tomber.
Félix se retrouva dehors, le corps enfonçait dans la boue qu'avait formé la pluie qui n'arrêtait pas de tomber en cette nuit perdue. Les goûtes ruisselaient sur son visage et trempées ses vêtements mais lui restait allongé, sans bouger, comme un cadavre auquel il ressemblait.
Félix était une goule, une très vieille goule, il n'avait plus beaucoup de peau sur le corps, plus beaucoup de dent dans la bouche, plus beaucoup de cheveux sur le crâne, et plus beaucoup d'espoir dans les yeux. Seul lui restait une longue barbe grise sur les joues et un goût amère dans la bouche.
Sûrement qu'il aurait préféré mourir à la chute des bombes mais le destin en avait décidait autrement, et le voilà qui vivait toujours et pour longtemps.
Il enfonça ses mains dans la boue et se souleva un peu. Une feuille de papier mouillé s'était collé à son visage. Il la retira, mais au lieu de la jeté il la lit.

"aidez moi à recréer La croix rouge"

_________

"Tu n'aurais pas du faire ça chérie. Regarde ce pauvre homme..."

Mimi s'agenouilla devant le cadavre d'un homme au crâne enfoncé, puis tourna ses yeux mouillés vers son compagnon.
Il jeta une brique ensanglantée au sol qui résonna dans l'obscurité du métro.

"Ce n'était pas nécessaire !
- Peut être mais au moins on a l'argent maintenant.
- Il ne méritait pas ça... il était gentil."

Raphaël remonta le colle de son blouson de cuire et passa une main dans ses cheveux blonds, avant de sourire d'un air satisfait.
Mimi ramassa un sac prêt du cadavre et en sorti une liasse de billet que Raphaël s'empressa de lui arracher des mains.

"Putain regarde ça Mimi ?! On est riche ! T'imagines ce qu'on va pouvoir faire avec cet argent ?!
- Je ne veux pas l'imaginer...."

Elle détourna les yeux du regard noir que lui lança Raphaël.
Son petit ami lui faisait peur, l'argent l'avait rendu mauvais, il n'était plus le gentil garçon qu'elle avait connu, il était devenu un tueur.
Puis brusquement il l'attrapa par le bras et la tira vers lui.

" Regarde moi quand je te parle ?! Qu'est ce que t'as ? Ne me dit pas que tu regrettes ?! On était d'accord pour ce coup non ?!
- Lâche moi !
...cet argent est sale maintenant, tu l'as souillé...
- Peut être mais il est à nous maintenant.
- Et bien tu devrais le donner.
- Ahah et à qui ?
- Je ne sais pas... à ce médecin par exemple, elle saurait quoi en faire elle.
- A la blondasse ? Fait moi rire !
- J'ai lu un papier l'autre fois. Elle a de grand projet pour les gens.
- Et moi j'ai de grand projet pour nous ! On va se marier et avoir une belle maison à Lutèce avec des enfants !
- Je ne veux pas d'enfants avec un meurtrier !
- Quoi ?!"

Il la plaqua avec violence contre un mur du métro. Il lui faisait mal, elle se débattit avec énergie.
Puis il la projeta au sol et commença à déboutonner son pantalon.

" On va en avoir des enfants ! Et tout de suite même ! "

Le pantalon sur les genoux, il s'allongea sur le corps frêle de la jeune femme. Elle ne pouvait rien faire face au poids de son petit ami.
Par chance elle réussie à attraper une brique sur le sol, la même qui avait fracassé le crâne du cadavre et en fit de même avec le crâne de son copain. Raphaël se retira, la main sur le visage rouge de sang.

" Ah ! Salope ! "

Mimi jeta la brique en plein visage de son agresseur qui s'affala au sol à moitié inconscient.
Elle attrapa le sac contenant l'argent et parti dans l'obscurité du métro.

" Je te retrouverai Mimi !!! "

________

" Hugo... tu ne devrais pas faire ça. Tu as un brillant avenir ici ne gâche pas tout ça. "

Hugo, jeune homme d'une vingtaine d'années préparait ses affaires devant le regard triste de son père.

" Je crois que je lui doit bien ça Papa...
- Mais nous avons besoin de toi ici, la ferme à besoin de toi, la récolte approche.
- Tu as tes agribots que t'as fourni la FNF, je crois que tu n'auras pas besoin de moi. Et j'en ai marre de soigné des brahmines, j'ai pas l'impression d'aider ici, j'ai l'impression de rien faire...
- Je crois que si ta mère était assez en forme pour être debout elle serait ici avec moi pour t’empêcher de partir !
- Et bien justement, si elle est toujours en vie aujourd'hui c'est bien grâce à elle et c'est pour ça que je veux la rejoindre. "

Hugo balança son sac à dos sur son épaule, prit une vieille carabine et marcha d'un pas décidé vers la porte.

" Ce n'est même pas payé ! Tu ne vas pas te lancer la dedans ! Si tu veux être médecin va t'engager à la FNF, ils payent bien tu sais !
- Je ne veux pas être payé avec l'argent de l'esclavagisme Papa. J'ai d'autres valeurs tu vois. "

Hugo baissa un doigt colérique qu'il avait brandit devant son père, puis reprit direction de la sortie.
Puis à la porte il s'arrêta, la tête basse. Il regarda une dernière fois son père.

" Mon avenir est avec Madame Cendres et tu le sais très bien."

_________


Il était à présent midi et Julie rejoignit le point de rencontre approximatif qu'elle avait fixé.
Là l'attendaient une vieille goule en piteuse état à l'air névrosé, une blondinette aux yeux bleus et au visage crasseux ainsi qu'un jeune homme en pleine forme au regard décidé.

Spoiler:

Enfin arrivé! Les gitans avaient été sympas et j'avais pu jouer un peu avec eux. Sélène avait repris des couleurs et Fitz était aux anges depuis qu'il battait la percussion. Cela faisait une journée que nous étions sur le marché et nous avions déjà un petit succès, tout se passait plus ou moins bien, sans grand soucis. Je n'aspirais plus à mes grands idéaux et je souhaitais juste vivre de ma passion désormais. . On venait de finir de jouer quelques morceaux et la chaleur agréable de la matinée m'avais mis de bonne humeur. Nous arpentions les méandres du marché quand mon regard fut attiré par un papier accroché à un vieux panneau de signalisation penché. Je le pris et le lus rapidement. Ce fut la signature qui m'intrigua le plus.
"Maude. Tu vois ça?
- Oui je vois, tout le monde voit, enfin sauf ceux qui peuvent pas voir Si tu vois ce que je veux dire. Fitzgerald éclata de rire quelques secondes après cette déclaration.
- Très drôle. Nan sérieusement je pense qu'on devrait aller voir.
- T'abandonnes à nouveau le projet?
- Non. Mieux que ça, je vais combiner les deux." annonçai-je un grand sourire aux lèvres.
Le mutant était toujours plié en deux lorsque nous nous mires en route.

Au lieu de rendez-vous indiqué, plusieurs personnes se trouvait déjà sur place à attendre la même chose que nous. Une goule, une jeune fille et un homme se tenaient là, patientant à l'ombre du poste de la FNF. Je lançai à l'attention du petit groupe
" Salut à tous! La Croix Rouge, c'est ici?"

Le discours m'avait touché. Je la sentais sincère, dotée d'une volonté farouche de faire naître ce projet. Les autres avaient tous acceptés. Une fierté naquit en moi, illuminant tout mon esprit et rayonnant comme un soleil. D'une voix forte, je pris la parole et lançai
"En temps de paix comme en temps de guerre, le monde a eu besoin de gens comme vous Cendres. Sachez que vous pourrez compter sur nous. On va d'ailleurs déjà suivre l'exemple de Mimi" Je sortis la somme de 47 francs de mon sac et les lui tendis. Je poursuivi ensuite
"J'm'y connais aussi bien en médecine que le cul d'une brahmine mais je sais comment me rendre utile ici. En venant à Paris, ma femme et moi avions un rêve. Celui de reformer un groupe de musiciens. Sur la Péniche, on a pu acquérir une petite notoriété. On va continuer et on versera une bonne partie des revenus à la Croix Rouge. Le reste pourra nous servir de réserve personnelle pour la nourriture ou ce genre de choses."
Le rêve de Poitiers se réalisait enfin, mais en mieux. Qui aurait pu croire que moi, un petit (façon de parler) sudiste aurait pu venir à Paris et y recréer la musique française et la Croix-Rouge? Personne! Et pourtant je suis là. J'ai moi-même du mal à y croire je dois l'avouer.
Je me tournai vers Maude et le mutant et pu observer dans leur regard qu'ils acceptaient eux aussi de faire partie de ce projet. Je levais le poing en l'air et lançai, heureux
"A l'avenir!"
Je dois paraitre pour un crétin aux yeux des autres mais...je crois que je m'en fous.

Bon...visiblement ce sale con n'avait rien compris. Je garderais toutes les insultes pour moi, inutile de me mettre à dos ce sac à merde. Enfin, quoi qu'il en soit, je lui serrais la main et lui dis, un grand sourire aux lèvres
"Ce fut un plaisir sergent. Nous chercherons ailleurs dans ce cas. N'oubliez pas que nous accepterons encore votre aide si vous venez à reconsidérer ma...notre proposition. Au revoir."
Je sortis tranquillement, silencieusement, le sourire toujours aux lèvres. Je voyais Hugo à côté de moi bouillir de rage. Je dus le calmer à deux reprises et une fois la porte du commissariat franchie, je pus enfin laisser tomber le masque.
"L'enfoiré! Le fils de chienne! Le sale con! Oh putain je te jure que s'il vient nous voir pour se faire soigner, je lui ampute une jambe à la hache."
Je pris une bonne minute pour me calmer avant d'aller retrouver les autres. J'espère juste que ça c'est mieux passé pour Julie et les autres. En même temps on peut pas vraiment faire pire. Maintenant, va savoir où sont passés les autres. Julie est allée chez les Juifs. Je me tournai vers Hugo
"On va retrouver Julie et après on rejoindra le reste de la Croix Rouge. On saura si on a du soutien de ce côté. Ca te va?
- C'est bon allez! me répondit alors le jeune homme sur un ton colérique
- Hey du calme fiston. On a fait ce qu'on a pu. C'est pas notre faute si ce gros porc qui leur sert de sergent est un abruti fini. Julie aura peut-être de meilleurs résultats."
Pas très convaincant tout ça. Le garçon se tut et nous poursuivîmes notre chemin en silence.
En arrivant au quai Juif, je sentis une nouvelle tension dans l'air. Les gens nous dévisageaient avec insistance, à croire qu'ils étaient persuadés que nous apportions malheur et mort. J'aperçus Julie et lui fis de grands signes avec les bras.

Isaac profita du monologue de Julie pour se calmer et reprendre son souffle.
Puis une fois la médecin levée sur le point de partir il reprit à son tour, mais cette fois la voix plus terne, d'une sonorité lassée, désabusée.

" En quoi avez vous besoin de mon autorisation ? Je sais très bien que même si je vous dit non vous vous installerez sur nos terres comme les autres.
Faite comme bon vous semble je m'en fiche. Ma famille vit depuis des siècles et a même survécu à la grande guerre, mais à présent elle est ruinée, sur le point de s'effondrer...
Nous n'avons pas besoin de vous, nous vivions bien mieux avant votre arrivée...
Partez à présent. "

Isaac détourna ses yeux devenus tristes de ceux de Julie, puis l'un de ses fils la reconduisit à l'extérieur d'un simple geste de la main.
Puis sur le pas de la porte il lui adressa un dernier mot.

" N'en veuillez pas à mon père. Les temps sont durs pour nous. Peut être qu'en vous adressant à notre médecin monsieur Jakob Rosenfeld il pourra vous aider. Il n'est jamais d'accord avec notre père, c'est un esprit libre comme on dit. Il est du côté du commissariat en ce moment.
Votre projet est tout à votre honneur, puisse Dieu vous accompagner dans ce long voyage. "

Et il rentra.

Elle nous rejoignit raidement, un air déçue sur le visage. Un autre échec peut-être, espérons que non...
"Oh, Gautier. Bonjour. Cela s'est bien passé pour toi? De mon côté cela n'a pas été terrible. J'ai eu une autorisation du bout des lèvres mais une autorisation quand même. C'est mieux que rien et surtout cela nous laisse un espoir de plus. Par contre on m'a donné le nom d'un contact potentiel, un médecin, c'est lui que je vais voir.
- De notre côté non plus ce ne fut pas brillant. Le sergent Gros Con m'a rit au nez lorsque je lui ai présenté le projet. Et il m'a ensuite cordialement envoyé me faire voir...mais y'a toujours une chance que la FNF nous protège. S'ils se rendent compte que la Croix-Rouge n'est pas simplement un "délire d'illuminés", ils seront forcés de nous protéger s'ils veulent garder la population sous contrôle. Bref...c'était pas glorieux. On va venir avec toi si ça te dérange pas."

Je la suivis jusqu'à la maison de son contact, d'humeur quelque peu morose. Personne ne croyais vraiment dans ce projet, excepté ceux qui s'étaient engagés. Arrivés devant la porte d'une bâtisse, Julie frappa et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Je profitais de cette pause pour jeter un regard aux alentours. Une grande place où pas mal de monde circulait. Rien d'intéressant... Mais si bien sur!
" Voyons la place est large, assez pour qu'on puisse se caser dans un coin sans gêner les passants, tout en restant bien visible. Si on s'installe là...non il vaudrait mieux qu'on se rapproche du centre.Ils en auront peut-être rien à foutre mais ça se tente!"
J'avais pensé à voix haute...et je vis finalement la réaction des deux autres que lorsque mon attention revint à eux. Deux grandes paires d'yeux ronds me fixaient intensément. Je ne répondis rien et e is simplement à rire. La tête de ces deux là...surtout Hugo!

Jakob avait mal au dos. Il avait toujours mal au dos. Et malgré cela, il avait continué à exercer sa fonction de médecin. De toute façon, rien ne l’arrêterai. Même pas cet entêté d'Isaac. Bon, il est vrai que Jakob n'avait rien fait pour devenir un membre à part entière du quartier juif. Marié à une goy à l'age de 22 ans contre l'avis de ses parents, devenu médecin quand tout le monde le voulait "banquier", idéaliste et universaliste lorsqu'on l'aurait espéré clanique et renfermé au prés de sa famille, Jakob s'était très vite vu relégué au rang de ceux que l'on se contente de saluer vite fait dans la rue. Néanmoins, il avait toujours eu des clients, des malheureux que la vie n'avait pas épargné, des jeunes en quête de savoir ou d'histoire... Depuis maintenant longtemps, la plupart des enfants venaient chez lui pour écouter ses récits et il était devenu une sorte de grand-père pour tout une génération. Mais aujourd'hui, il était envahi d'un sentiment de déception, celui d'avoir manqué l'aventure de sa vie, sa quête, comme l'avait défini Paulo Choelo dans son livre L'Alchimiste. Sa femme l'avait quitté il y a deux ans, emportée par une putain de fièvre et depuis, il marmonnait sur son sort.
Seulement, ce jour-là, quelque chose se produisit. Tout commença par un simple appel. Quelqu'un frappait à sa porte. Jakob ne fit ni une ni deux, il se précipita le plus vite qu'il put et ouvrit. Devant lui se tenait une ravissante jeune fille blonde, ainsi qu'un mastodonte barbu et borgne. Bien que surprit par se groupe hétéroclite, il s'obligea à garder son sang-froid.

Bien le bonjour mesdames et messieurs! Ou je devrai dire Shalom pour plaire à mes compères...
Vous êtes un peu trop pour entrer. Si c'est pour se faire soigner, seulement le malade et un accompagnant. Si c'est pour une requête, seulement le chef du groupe et un autre. Si c'est pour autre chose, ben il faudra m'expliquer avant.

Jakob remit en place sa blouse blanche limée et avança dans son humble demeure. Au centre de la pièce se trouvait la cabinet médical: des placards remplis d'instruments divers, un lit pour ausculter et un bureau, sur lequel trônait une vieille lampe.Dans un coin se tenait un autre lit, sans doute celui de Jakob avec une table et 4 chaises. Jakob se retourna vers Julie.

Vous êtes aussi belle que ma femme à votre âge ma chère. Mais que fait le médecin de Metrop' ici. On rend visite à un confrère Mademoiselle Descendre? Et sinon, que faite vous avec un gigolo musicien qui nous raconte des légendes des 4 coins du monde.

La curiosité de Jakob augmenta d'un coup. Quelque chose se tramait. Son espèce de sixième sens lui dit qu'aujourd'hui, sa vie allait changer.

Vous deux! Entrez! Je vous vous entendre me dire la raison de votre présence. Vous voulez des petits gâteaux? Monsieur Cohen pourrait vous dire qu'ils sont très bon. Mais malheureusement, monsieur Cohen est mort 2 jours après les avoirs mangés. Un truc à l'estomac il parait.

Jakob rentra dans sa demeure en faisant signe à Gautier et Julie de rentrer.

Un accueil chaleureux et sympathique. Ça change parfois. Surtout après la rencontre avec la FNF. J'en ai parfois marre qu'on me prenne pour un débile. Par contre, le coup du gâteau...non merci. Je tiens à la vie et s'ils ne sont pas mortels, je suis sûr que Maude me fera une réflexion. Et j'ai vraiment pas la foi de me lancer dans un débat avec elle.

Julie venait de présenter le projet de la Croix-Rouge. Encore une fois, elle m'avait bluffée. Si son discours avait été des plus calmes, on sentait dans chacune de ses paroles la force de mille hommes. Elle est prête à retourner des montagnes pour son rêve. Une telle conviction ne peut qu'inspirer l'admiration. Sur le coup, je me sentis fier de faire partie de la Croix-Rouge. Fier d'être un de ces hommes qui allaient changer le monde, même à une moindre mesure. J'étais si impressionné par son discours que j'en oubliai ma stupéfaction lorsque Jakob me traita de gigolo.

Lorsque Julie me proposa de présenter mon projet, je fus un peu surpris. Surpris et contrarié, car je savais que je ne ferais pas mieux qu'elle. Mais bon. Il faut savoir se lancer. Je regardais Jakob. J'avais l'impression que c'était un nain et j'eus envie de rire. Reprends-toi mon grand.
" Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour votre accueil amical. Ensuite je remercie aussi Julie pour son geste. Je viens du Sud. D'un petit village au pied des Pyrénées pour être précis. J'ai traversé toute la France car, comme le Docteur Cendres, j'avais un rêve fou. Je voulais redonner de la joie au monde. Je souhaitai voir des sourires réapparaître sur les visages des survivants. Je suis musicien vous le savez, quoique...je vais m'autoriser un doute. Je compte apporter, avec mes talents, un soutien financier constant à la Croix-Rouge. Je me suis fait un petit nom dans Paris et je compte en faire profiter Julie et tous les bénévoles de notre organisation. Grâce à cela, nous disposerons d'une rente financière a peu près régulière qui nous permettra de nous procurer le matériel médical nécessaire."

Je me rassis, n'ayant plus rien à rajouter. J'avais parlé avec conviction, même si j'étais persuadé qu'il serait plus sensible au discours de Julie qu'au mien. Quelque chose me disait qu'il n'allait peut-être pas bien m'apprécier. Déjà, me considérer comme un gigolo, ça ne peut-être qu'un indice. Après, ça peut aussi être moi qui me fait des idées. Espérons-le.

Jakob les écoutait attentivement, sans broncher. Puis, lorsque Gautier eut fini, il se leva.

Toi la miss humaniste, j'taime bien. Et toi l'giton, t'es sympa mais ta tête ressemble trop à
celle de ma belle-mère alors t'attend pas à beaucoup de compliment.

Jakob se dirigea vers son thé qui chauffait et servit trois tasse. Ensuite, il les amena sur la table pour ses invités avant de commencer à faire les cents pas.

Toute ma vie j'ai fait des rêves. J'ai pensé à l'aventure, je me suis bercé volontairement d'illusions. Et voila qu'aujourd'hui deux personnes qui ne me connaissent pas frappent à ma porte pour me proposer une place dans la leur. Paulo Coehlo avait raison! L'aventure de notre vie peut arriver
n'importe quand! Voila ma quête! Au diable les juifs et leur code de vie, au diable les traditions, au diable le danger!

Jakob se mit à courir dans toute sa maison et trafiquant de nombreux objets.

Aujourd'hui les jeunes, vous m'avez ouvert de nouvelles perspectives. Bien sûr que j'en suis de votre projet! Comptez moi comme un de vos membres. Rien à foutre du fric j'ai pas d'enfant. Dorénavant, je soignerai gratuitement tous les patients que vous m’enverrez. Il suffira que vous leur confiez un signe ou une ordonnance pour que je m'occupe de distribuer les médicaments que j'ai. faudra juste me ravitailler de temps en temps. Ma maison vous sera toujours ouverte et je servirai de succursale au marché! Oui, je vois déjà le truc!

Jakob se mit à s'agiter dans tous les sens, agitant les bras, les pieds, la tête et marmonnant des trucs incompréhensible. Il était heureux tel un enfant de 5 ans à qui on offre un nouveau jouet. Sa vie changeait enfin!C'est à 62 ans qu'il devenait l'homme qu'il avait toujours rêvé d'être.

Par contre, pour les relations avec les juifs du quartier, je vais pas pouvoir beaucoup vous aider. J'ai de l'influence uniquement auprès des enfants et Isaac ne m'aime pas. Ma maison et moi, c'est tout ce que j'aià vous offrir. Que je suis excité!


Jakob prit d'un coup Julie dans ses bras en la remerciant. Puis, il s’empiffra de petits gâteaux.

Ils sont trop bons! Et toi le gros tas, dit-il en désignant Gautier du doigt, va falloir organiser une liaison radio entre votre QG et ma maison afin que je sois prévenu de ce que je dois faire. Comme la miss est médecin, faut bien la laisser travailler. Par contre toi, ça pourra t'occuper au lieu de rendre sourd toute la population!

Jakob fonça dans son placard et en ressorti deux vieilles radios qui devait dataient des années 40. Il en donna une à Gautier.

Branche ça dans ton QG que je reste en contact. C'est très vieux mais c'est super fiable. Allez, maintenant, vous pouvez filer, on a tous du travail. Et je vais aller manger du porc! Depuis tant d'année qu'on me l'interdit je veux essayer. Rien à branler de leur juiveries aux autres!

Spoiler:

Voila, Jakob rejoins le projet, vous pouvez maintenant le traiter au même titre qu'Hugo et les autres (comme un pnj à votre service quoi). Il est très compétent en médecine générale par contre, évitez de lui faire faire de la chirurgie, il est un peu gâteux. Sa force physique laisse à désirer donc ménagez le. Sa maison est à votre disposition et pourra servir de "pharmacie" mais faudra le ravitailler de temps en temps. Par contre, il ne s'entend pas bien avec la plupart des membres du quartier juif.

Gros tas! Gigolo! Arrêter d'assourdir la population! Nan mais il me court sur le haricot celui-là! Il n'apprécie pas mon talent c'est tout. Quel barbare! Il verra lorsque je serai enfin reconnu.
Bon petite pointe d'orgueil blessé à part, le vieux grabataire n'a pas que des mauvais côtés. Son idée de la radio n'est pas forcément mauvaise. Je dois même avouer qu'elle est intéressante. Ca nous permettrait de mieux coordonner nos actions. Ils nous en faudrait même plus lorsqu'on se lancera vraiment. On pourrait s'informer plus facilement pour nos missions dans Paris. Je pris le petit appareil et dis, avec une voix calme.
" Merci beaucoup de votre aide. Julie, je pense qu'on devrait chercher aller les autres. Qui sait s'ils n'ont as trouvés un coin sympa comme camp de base?"
Puis, me tournant vers le vieux juif, avec un ton mielleux
" Bonne digestion. Je ne souhaiterai pas qu'il vous arrive la même chose qu'à se pauvre Monsieur Cohen. Ce serait vraiment regrettable. Au revoir monsieur Rosenberg. A bientôt"
Puissiez-vous vous étouffer dans vos déjections. Il ne fallait mieux pas dire tout haut ce genre de réflexions. Je n'ai pas envie de tuer la Croix-Rouge juste par orgueil.

Une fois sorti, je...n'avais aucune idée de l'endroit où le reste de la Croix-Rouge pouvait bien se trouver. C'est bien ma veine ça. Je n'ai même pas pensé à fixer une heure et un lieu pour se retrouver. Ma main trouva rapidement la parfaite trajectoire jusqu'à mon front et vint s'y aplatir dans un bruit qui résonna sur la place. Je me retournai vers Hugo et Julie
" Bon...j'ai une mauvaise nouvelle. Euuh...on n'a aucune idée de l'endroit où peuvent se trouver Félix, Mimi et le reste de ma petite famille. J'en suis désolée et..."
Je vis alors une petite silhouette familière s'approcher. Maude nous rejoignit et, avec un grand sourire sur les lèvres, nous annonça:
" Évidemment, mon grand benêt d'époux a encore décider de foncer tête baissée sans prendre le temps de choisir un lieu de rendez-vous. Allez. Venez. Félix nous a montré un endroit qui pourrait convenir, mais on préfère ne pas prendre de décision sans un avis général.
- Je ne sais pas ce que vous avez contre moi aujourd'hui. J'en prend plein dans la tête et en plus...j'ai envie d'un câlin."

Maude me prit dans ses bras et me serra contre elle. Y'avait bien 20 cm d'écart entre nous mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Nous nous mîmes ainsi en route vers la planque de Félix.

Spoiler:

L'idée de Julie était excellente et ma proposition fusa rapidement vers l'assemblée de la Croix-Rouge.
"Pour l'apport d'argent j'ai déjà un moyen qui devrait nous être des plus profitables. Je vous ai parlé de mon projet tout à l'heure. Je vais le lancer, à nouveau. Dès ce soir, je pourrais donner un concert au Marché pour récolter un peu de sous. Je pourrais en plus faire la promotion de notre organisation. Vous en dîtes quoi?
Pour ce qui est des groupes, je vais lancer une proposition. Avec Fitz et Mimi, on pourrait rester ici et commencer à nettoyer les pièces pour en faire un local adéquat. Pendant ce temps Julie, Maude, Hugo et Félix pourrait aller chercher un bâtiment pour s'installer et négocier des partenariats avec des marchands. Je suis bien vu chez les Gitans mais je ne suis pas un aussi bon orateur que j'en ai l'air. Ça vous va?"

Plusieurs hochements de tête accompagnèrent ma proposition. Tout le monde commença à se préparer et j'en profitai pour glisser un mot à Maude
"Je garde Sélène. Avec un mutant avec nous on risque pas grand-chose. Par contre toi. Prends ça.."
Je lui tendis mon pistolet avec les chargeurs. Elle voulut protester mais je l'interrompis en posant mon doigt sur ses lèvres ainsi qu'un baiser sur son front.
" Allez va. On se retrouve ce soir pour le concert."

Mimi, Fitz et moi commencèrent, dès le départ de l'autre équipe à nettoyer la pièce principale. Même mon adorable petite fille nous aida en faisant des petits tas de clous rouillés.
"Tonton! Tonton!
- Fitz c'est pour toi."
Je ne savais pas pourquoi elle l'appelait comme ça mais ce surnom plaisait au mutant. Dès qu'il la prenait dans ses bras, spectacle déjà amusant au vu de sa taille et de celle de ma fille, il passait dans un autre monde où il était un grand enfant. Même si ses blagues restaient douteuses.

La journée passa au fil des tâches à accomplir. Évacuer l'eau du sol était sans conteste la plus difficile. On avait trouvé deux balais dans le placard de Félix. Le premier n'avait plus un seul poil.
" Ca te dérange si on emprunte ta barbe? Au lieu de m'offusquer, je me mis à rire et ajoutai
- Un peu oui! C'est ce qui fait tout mon charme."
Le second balai était dans un meilleur état mais cassa dès le premier coup donné par Fitzgerald. Un long moment de réflexion s'en suivit afin de savoir comment on allait faire pour enlever cette eau sans balai.
" Et si je poussai l'eau avec ma masse de chantier?
- Mmmmh...non. Ca marcherait pas. Mimi, tu veux bien venir nous aider s'il te plait?"
Elle déposa les seaux qu'elle venait de trier, cataloguer presque, en moins de 2 minutes. C'est fou! A elle seule, elle avait abattu plus de boulot que nous deux réunis (sauf ce qui concernait le déplacement des gros objets).
"Ben..z'avez qu'à prendre la tête du second balai et la mettre sur le manche de l'autre. Bon allez magnez-vous un peu! C'est moi qui fait tout." dit-elle avec un large sourire.
En deux secondes, elle venait de nous ridiculiser. Pourvu qu'elle garde ça pour elle.

Une fois l'eau évacuée, on attaqua le rangement des armoires et de leur contenu, entrecoupé de pause "veux-plus-d'attention" fournie par ma tendre progéniture. Ensuite, ce fut le tour des deux autres pièces d'être remise à neuf. Galvanisés par l'idée de réussite de la Croix-Rouge, nous travaillâmes avec une ardeur constante, et des vannes à ne plus savoir quoi en faire. Une fois le travail terminé, on put tous observer avec satisfaction la tâche accomplie. Un sourire en coin, Mimi déclara
"Je me demande si Félix va reconnaitre son chez-lui quand ils vont revenir."

Voila déjà plus d'une heure que le petit groupe cherchait en vain un bâtiment pour pouvoir s'installer. Félix explorait les moindres recoins, les moindres ruelles en quête de l'eldorado... en vain. Et quand le soleil commençait à redescendre, il finit par perdre espoir.

Eh merde! Putain c'est pas possible! Dois bien y avoir quelque part ou s'installer! Encore un tas de ruines inutilisables!

Il se retourna. Le reste de la troupe observait un autre coin... De toute façon, il avait toujours un ou deux bâtiments d'avance. Mais, il n'y avait rien à faire. Ruines, ruines, ruines, squatteurs peu agréables... bref, que de la merde. Les bâtiments utilisables ne courait pas les rues et Félix souhaitait trouver un lieu proche de son antre qui devait servir de logements. Si les membres du projet devait travailler à plus de 30 minutes de leur lieu de travail, ça allait très vite devenir lourds. Bon, il avait encore une ruelle à explorer, en vain sans doute mais qui sait, on peut toujours espérer un miracle.

Félix y pénétra et avança prudemment jusqu'au niveau d'une poubelle renversée.
Pfff... Rien comme à chaque fois... mais pourquoi je m'obstine moi!
Il allait repartir quand soudain, un bruit l'interloqua. Une vielle boite de conserve vide venait de rouler à travers la ruelle. Félix s’approcha doucement. Une ombre s'éleva sur le mur. Plus il avançait, plus celle-ci devenait monstrueuse. Mais la curiosité l'emportait. Elle l'emportait toujours d'ailleurs. Au moment ou il allait regarder ce qui se trouvait derrière le conteneur ordurier, deux mains lui saisir le col et le plaquèrent contre le murs. Un homme, visage masqué par un foulard, un sweat à capuche sur le dos et la tête, les yeux imbibés de sang le fixait intensément. Il était sans doute musclé car Félix n'arrivait plus à bouger. L'individu le regarda pendant 30 secondes.

Quel est le mot de passe? demanda-t-il avec une voix grave, rempli de force.
J'en sais rien moi, je voulais pas déranger, lachez-moi!
Quel est le mot de passe?
J'en sais vraiment rien... pitié laissez moi, j'ai rien fait!

L'individu le lâcha et Félix reprit son souffle. Son interlocuteur se relâcha et abaissa sa capuche. C'était un homme, d'environ 30 ou 40 ans, le visage très marqué. Il se colla contre le mur et planquant aussi Félix.

Chut... Il vont nous repérer. Ne faites pas de bruit! Et bordel, faut pas oublier le mot de passe: c'est "la binette à 10 heures."
Mais qui, de quoi? où?
Mais les soldats de l’Ammoniac voyons! Vous sortez d'où? Rho... Ils t'ont lavé le cerveau ou quoi? c'est bien leur genre.
L'ammoniac? C'est quoi ça?
Ils t'ont sacrément abimé toi. Ils veulent contrôler le monde et nous embrumer l'esprit car ils se nourrissent de notre fluide digestif!
Encore un allumé... Bon, il va falloir le calmer se dit Félix.
Et comment vous savez que j'en fait pas parti?
Car mon cerveau ne fait pas bip bip quand je vous parle. C'est comme ça que je les repère. Avant ils me manipulaient mais depuis que j'ai trouvé le remède, je suis un homme libre. Je n'étais qu'un pantin... un pantin je vous dit. Je travaillé pour eux... J'ai vu l'enfant, je l'ai vue. Ils contrôlent tout. Mais je me suis enfuis et grâce au remède j'ai put commencer la lutte!
Mais quel remède? De quoi parlez-vous?
De ça! Et il montra une bouteille de vieux vin ou dessus on pouvait lire "pelure d'oignon"
Le remède, le vrai. Au fait, entre personne libre, je vous présente mon fidèle second: Cunéguonde!

Le dingue montra du doigt sa chienne qui lampait tranquillement un bol rempli de vodka.

Mais viens, je vais te montrer mon repère. Ma base secrète pour lutter contre le terrible Ammoniac. Au fait, on m’appelle Trouduc, c'est le surnom qu'on m'a donné.
Heu... enchanté, moi je m'appelle...
Non, pas de vrai nom, sous la torture tu pourrait le révéler. Toi, tu seras... Goldum... oui c'est bien Goldum.
Sans en dire plus, Trouduc attrapa Félix, devenu pour la circonstance Goldum à travers la ruelle. Cunégonde les suivant en titubant méchamment. Arrivé au fond de la ruelle, Félix découvrit un passage taillé entre des carcasses de voitures transformé en arche. Puis, il ouvrit une petite porte et là, Félix en tomba bouche bée. Devant lui s'étendait un grand hall, avec de nombreuses ancienne boutique de petit commerce, tout en style Haussmann. Au centre, se trouvait une ancienne fontaine vide. On pouvait dénombrer 4 anciennes boutiques sur les côtés ainsi que des passerelles qui passait au dessus. Visiblement, Trouduc avait fait un peu de nettoyage mais des travaux restait à faire mais pour Félix, le lieu était trouvé. Restait à prévenir les autres. Il commencer finalement à apprécier son compagnon et il espérait une cohabitation possible.

Écoute, j'ai des compagnons qui sont comme moi et est-ce que je peux les amener ici avec moi?
Sont-ils de l'Amonniac? Des espions? Peut-tu leur faire confiance?
Oui, j'en suis sûr!
Ok, vas les chercher, mais surveille tes arrières. Les amis de mes amis sont mes amis. Mais, si j'ai pas confiance, je leur ferai subir le test!
Quel test?
Sondage annal quel question!

Bien que surpris, Félix reparti à la recherche de ses amis afin de les amener dans ce petit paradis. Mais avant, il devrait leur conter toute l'histoire et elle serait difficile à croire.

Allez on y retourne. Après avoir déblayé les trois pièces, il fallait qu'on installe tout pour que cet endroit puisse nous servir de logement décent. Pendant que Mimi et moi nous occupions des quelques matelas présents dans la pièce, Fitzgerald réinstallai les sommiers métalliques des lits. Entre deux lits préparés, nous piquions quelques fous-rires dès que le mutant se cognait dans l'encadrement de la porte, inadaptée à sa taille. Ces petites moqueries l'exaspérèrent.

"Putain z'êtes lourds avec ça. J'vous y verrais bien moi, dans ce genre de situation. C'est pas drôle.
- Oh c'est bon ça va. Rigole un peu."

Au moment où je disais ça, je fis demi-tour et percutai d'un coup sec une lanterne qui pendait du plafond. Le mutant et la jeune femme éclatèrent de rire de concert. Je les regardais d'un regard noir.

" Je vous hais tous" déclarai-je avant de sourire à mon tour.

Trois lits furent rapidement installés. Des lits superposés. Ça faisait 6 places de prêtes pour la Croix-Rouge. Il en manque encore deux, ou un si c'est un lit superposé. Et il en faudrait un de plus pour Jakob, au cas où le vieux débris déciderai de venir crécher ici. Je me tournai vers les deux autres.
" Vous avez une idée d'un endroit où on pourrait trouver des lits? Ou du moins des matelas? Ce serait con de pas finir pour deux places.
- On pourrait demander aux gitans? C'est pas eux qui sont spécialisés dans ce genre de marchandises?
- Non. Faut aller voir chez les arabes. C'est chez eux qu'on trouve tout ce qui ne sert à rien. On y va tous. Je préfère pas risquer la peau de quelqu'un en le laissant ici. Nul ne sait ce qui pourrait surgir et j'ai pas envie qu'on ai un premier patient dès maintenant."

La négociation avec les arabes fut des plus ardues. Leur faire trouver deux matelas n'était pas le plus compliqué non...loin de là. Le plus dur c'était de refuser, poliment, les dizaines d'autres trucs qu'ils voulaient nous fourguer. Et vas-y que j'te propose des couverts, du papier hygiénique, une boussole même! Il nous fallut presque fuir en courant pour ne partir qu'avec les matelas. A peine avions nous esquivés un vendeur qu'un autre nous accostait pour nous vanter les qualités de son étalage. Notre sortie du quai était digne d'un dessin humoristique de l'Almanach Vermot. Moi devant, Mimi et Sélène dans ses bras et Fitz derrière portant deux matelas...une belle bande de bras cassés.
10 francs les deux matelas, pour une fois j'obtiens un prix raisonnable.

Une fois installés, et même s'ils ne disposaient pas de sommiers propres, la seconde pièce de l'abri de Félix ressemblait enfin à un dortoir correct. Content de nous, je lançai à l'attention des deux autres
" Vérifiez s'il ne manque rien et si c'est bon, Fitz, prépare le matériel pour le concert et révise un peu ton texte. Ca te fera pas de mal. Moi je vais rejoindre les autres."

Spoiler:

Bon...je crois qu'il faut que j'arrête d'avoir des idées. La dernière que je viens d'avoir est l'une des pires que j'ai eu de ma vie. Avec celle de laver les chaussettes le samedi.
Trouver quatre personnes, dans un immeuble quelconque des terres désolées de Paris, à proximité du Marché de la Gare...et puis quoi encore? C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et personne ne veut me donner le moindre renseignement. Vraiment désespérant. Le pire dans tout ça c'est que, pendant que je les cherche, eux continuent de se déplacer. Ça rend les recherches encore plus épuisante.

J'étais en train de ruminer tranquillement sur mon sort lorsque j'entendis la voix d'Hugo qui m'appelait. Machinalement je répondis
" Non...je ne signe pas d'autographe...
- Gautier c'est moi! Hugo!"
Je me frottai les sourcils. Je crois que je fatigue un peu.
" Désolé. J'avais pas reconnu ta voix. Pfou...j'te trouve enfin, les autres doivent pas être bien loin.
- Ça tombe bien, on a besoin de vous."
Il ne me laissa pas le temps d'en placer une autre et me fit signe de le suivre.

Rapidement, nous avions rejoint le reste de la Croix-Rouge. Ils se tenaient là, à côté d'une voiture rouillée. Ils semblaient tous songeurs et un peu anxieux.
" J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Z'êtes pas facile à trouver. Alors qu'est-ce qui se passe?"
Félix me raconta tout, sa rencontre avec le dénommé Trouduc, la visite de l'immeuble, son retour et la réaction de Julie.
La main sur la barbe, je répliquai
" J'ai pas demandé à Fitz de venir en effet, il restait un peu de boulot là-bas, rien d'important, et je ne voulais pas laisser Mimi et ma fille seules. Quant à cet individu, tu dis qu'il t'aime bien. Il t'a même donné le mot de passe. J'pense qu'on pourrait aller voir. Ce serait vraiment bête de rater une telle occasion. Après, Julie a raison. C'est risqué. J'propose qu'on passe en ordre. Félix devant, moi avec lui. Les autres suivent à petite distance. Comme ça, si y'a un problème, y'aura moins de dégâts.
En plus...y'a moyen de se le rattacher à nous. Félix...tu dis qu'il lutte contre l'Ammoniac. Faisons nous passer pour une unité anti-ammoniac. On gagnerait ainsi sa confiance et un super bâtiment pour s'établir. Il serait peut-être même prêt à nous défendre si on lui dit qu'on est dans le même camp! Qu'est-ce que vous en dîtes? "
Espérons que ça marche

Félix et moi avancions doucement. La goule semblait sûre d'elle mais, malgré cela, je n'étais pas à mon aise. Je serrai dans ma main la crosse de mon pistolet, que j'avais récupéré quelques instants auparavant, rangé dans son holster. Félix désigna la porte de carcasses. Charmant. Bon...y'a plus qu'à espérer que ce type ne nous abatte pas de sang froid.