Les goules c'était enfin fini. La FNF aussi. À chaque fois c'était pareille. Ahmin se rappelait de ses voyages, toujours la même chose : ça commençait bien, il se passait un truc qui faisait tout chier, ça partait en couille, puis Ramon et lui réglait la situation. Là ça c'était passé pareille, il avait retrouvé sa mère, il avait apprit que père son était mort, il était allé voir Isaac pour connaître la vérité. Il s'était retrouvé avec une mission suicide sur les bras afin de créer une résistance à la FNF. Il ne comprenait pas trop pourquoi.
D'après son ami, Daniel Océan (dont la tête balançait à la ceinture de l'arabe) était un agent de la FNF qui avait espionné tout les chefs de quais. Ils vouaient tous une haine à cet homme.
Quand les deux prêtres arrivèrent chez eux le soir tombaient. Ils pouvaient voir que l'animation était encore plus forte de nuit. La vie nocturne avait bien changé depuis leur départ il y a 20 ans.
Les slaves sortaient des tables à l’extérieur pour permettre à leur clients de boire un coup tout en profitant de l'air frais du soir. Ahmin aurait bien fait de même, mais il se devait d'abord de finir sa mission.

"C'est plutôt jolie la nuit, dit Ramon, tandis qu'ils se faufilèrent dans la foule.
- Ouais, mais ça a bien changé depuis mon époque, répondit Ahmin.
- Les choses changent. C'est la nature qui veux ça.
- L'évolution permanente. Dieu a surement voulu que ses créatures s'adaptent.
- Surement. Il est intelligent."

Ils rentrèrent rapidement dans le quai juif. L'arabe se sentait observé. Il connaissait très bien la haine que se vouaient les quai juif et arabe depuis des décennies. Sauf qu'il savait qu'il ne craindrait rien. David était là, caché dans l'ombre. Il s'assurait que personne ne touche à Ahmin et Ramon. Tout le monde avait vu la tête. Celle de Daniel Océan.
La maison d'Isaac se profila devant eux quand David vint à leur rencontre. Ils ne se dirent rien. Pas besoin. Les prêtres avaient réussi.
Les gardes devant la porte les laissèrent entrer. Isaac les attendaient, la rumeur de leur arrivé s'était propagé plus vite qu'Ahmin le pensait. Tout les quais avaient leurs observateurs, souvent des gamins. Ils connaissaient mieux que quiconque le dédale du marché et ils couraient vite.
L'arabe détacha la tête de sa ceinture. Il la présenta au juif.

"Je vois que tu as réussi.
- Rien de plus simple. Je suis juste tombé sur quelques types de la FNF, des goules... ah ! J'oubliais les psychotiques.
- Notre époque sont de plus en plus troublés.
- Je ne pense pas. Métropolitopia était plutôt calme par rapport à la dernière fois où j'étais venu. Dommage que ce soit à cause des exactions de la FNF.
- On ne pas tout avoir.
- Sinon vous avez réfléchi à ma proposition ?"

C'était ce que voulait Ahmin. Une raison de se battre. Des gens pour l'accompagner. Jamais les habitants du marché ne se soulèveraient sans l'accord de leurs chefs. Seul Isaac avait une vrai raison pour demander la trêve générale au quartier. Quel serait sa réponse ?

« Sinon, vous avez réfléchit à ma proposition ? »

Le vieil Isaac soupira, sa carcasse ressentant plus durement la fatigue aujourd’hui. La simple pensée de son fils mort lui emplissait le cœur de tristesse et de colère. La tête qui lui avait été apportée était comme un baume appliqué sur sa tristesse même s’il savait que tout ceci ne lui rendrait pas son fils.

« Asseyez-vous et partagez ce repas avec moi. »

Viendrait le temps de la conversation mais pour le moment il voulait se laisser le temps de la mélancolie. Un diner fut servi composé de poisson et de carottes fraiches accompagné de nombreux fruits et d’un peu de vin. Tandis qu'Ahmin déjeunait, il laissait courir ses doigts d'aveugle sur le visage du défunt, comme si par le toucher il pouvait graver dans sa mémoire le souvenir du mort. Isaac n'avait pas d'appétit mais il se força à manger un peu, surtout pour que ses fils lui fichent la paix.

« Vous avez fait une entrée remarquée dans notre quartier. D’ici quelques heures la FNF mettra votre tête à prix pour ce que vous avez fait et moi aussi j’aurai des problèmes. »

Même s’il savait gérer les problèmes, une visite en force de la FNF pouvait toujours mal tourner et il ne voulait pas perdre un autre de ses fils.

« Vous avez au moins prouvé votre courage mais ce que vous demandez nécessite plus que des hommes prêts à tout. La FNF est bien organisée, puissamment armée et ses hommes sont prêts à tout, maudits goys fanatiques. »

La colère menaçait de l’emporter et Ahmin put sentir une tension monter chez les fils qui assistaient à l’entrevue. Isaac était irritable depuis quelques temps et sa peine inconsolable. Mais le vieil homme était surtout conscient qu’il n’avait pas besoin d’un arabe pour lui expliquer ce qu’il devait faire. Cela faisait quelques temps déjà que la FNF payait double prix la moindre marchandise de leur quartier et ils finançaient eux même le moindre impôt qu’ils prélevaient sur son peuple. Tout un réseau de merles, des gamins informateurs, le renseignaient sur leurs mouvements afin qu’ils puissent prévenir les ennemis des chiens meurtriers de son fils.

« Comment voyez-vous cette … collaboration, car même si mon cœur réclame vengeance, je suis aussi le père de tous les gens de ce quartier et si je vois ce que je peux faire, je ne vois pas la direction qui éviterait un bain de sang dans mon peuple. Je dois penser à eux avant tout et même s’ils m’écoutent et m’obéissent, pour la plus part, ils n’agiront pas inconsidérément. »

Trop de hâte risquait de causer un mal plus grand encore que celui qui s'était abattu sur eux. Mais ils surpasseraient cette nouvelle épreuve imposée par Dieu, avec stoïcisme et persévérance, comme des milliers de générations de juifs l'avaient fait avant eux.

"C'est notre prix à payer pour être Ses élus que de souffrir de la main des mécréants et des infidèles."

Que faire ? Le vieil homme avait énoncé des vérités qu'Ahmin se refusait à voir. Il n'avait plus de famille à par sa pauvre mère. Ils étaient tous morts, son père, ses frères Croisés. Il ne restait que Ramon à ses côtés. Qu'avait il à perdre ? Rien. Eux ? Tout. Le prêtre ne savait quoi répondre. Son ami de toujours avait senti le doute dont souffrait l'arabe et il voulut parler. Ahmin l’arrêta avant qu'il ne put dire quoi que ce soit. Il ne se pouvait pas laisser le droit de l'erreur. Au moindre faux pas ils mourraient tous.
Heureusement Isaac prit la parole avant qu'un des deux hommes fassent une bourde et fassent tout échouer.

"Vous êtes bien silencieux, jeune homme. Il est aisé de souhaiter une demeure mais parfois terriblement difficile de poser la première brique, n'est ce pas ? Il y a plusieurs tâches que vous pourriez accomplir, si vous le souhaitez. Comme prêtre vous deviez avoir l'habitude de prêcher et d'aller à la rencontre des gens. La colère de l'injustice est profondément ancrée dans le cœur de beaucoup qui ont été volés mais il la garde enfermée au fond d'eux, ne trouvant pas de moyen de l'exprimer. Ces hommes de Métropolitopia, de Nécropotia ou d'ailleurs cherchent certainement une voix qui leur montrait le chemin. Celle d'un porte parole de...appelons là ainsi de la Résistance.
Mais si vous vous sentez appelé sur le terrain des actes plutôt que des mots, peut être pourriez vous rencontrer le gang de Jupiter et voir si leur position pourrait en faire des alliés.
Et si c'est la voie du sang qui vous guide. Alors...alors il est des sangs qui méritent d'être versés et des crimes qui appellent justice."

Ahmin hocha la tête. Il avait comprit ce qu'on attendait de lui. C'était le prix à payer pour voir son rêve s'accomplir. L'arabe prit son ton le plus calme pour répondre au Juif.

« Je vois ce qu'il me reste à faire. Je vais partir demain en direction de Métropolitopia. Ma mission m'y a conduit et j'ai put voir qu'une partie de la population veux la chute de la FNF. Mais en échange je veux de vous la promesse que vous vous battrez, que vous faisiez quelque chose. Je reviendrai une fois la réponse de ces gens. »

Ahmin se leva après avoir salué l'assemblé suivit de Ramon. Ils sortirent de la salle. Les gardes à l'entré leur rendirent leurs affaires.
Ils se dirigèrent chez Nadia, la mère d'Ahmin. Le seul foyer qui restait aux deux hommes.
Tout en mangeant un méchoui, la maîtresse de maison les questionna sur les pérénigrations à l'extérieur de Paris et à l'intérieur. Ils discutèrent jusqu'à très tard.
A l'aube ils étaient prêt. Ahmin laissa un mot pour sa mère lui expliquant qu'ils partaient en direction de Métrop' et qu'elle ne devait pas s'inquiéter.

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