Le soldat est réveillé depuis une bonne heure maintenant. Il est neuf heures du matin. Cela à beau être sa journée de repos, il n'arrive plus, depuis des années à faire la grasse matinée et à profiter de ses jours de congés. Ses rêves sont constamment jalonnés de souvenirs de ses précédentes missions, de morts accompagnants celles-ci, de bruits d'armes à feu chantant sous la pluie battante d'une mauvaise journée déjà vécu.
Le dortoir faisant office de QG pour son unité est vide. Les autres ont dut se réveiller depuis des lustres, Michel ne les a pas entendu se lever. De toute façon, ils sont en repos, ils peuvent faire ce qui leur chante. Il n'est pas bon de vieillir... Il se lève difficilement de son lit, non pas sous le poids des années mais sans la motivation nécessaire. Il s'habille en civil, enfilant un pantalon et une chemise sans prendre le temps d'une bonne douche. Cela suffira, il à l'air de faire chaud dehors... Il se prépare un café dans le messe, vide lui aussi de toute présence. Au moins, personne ne lui casse les oreilles.

Il sait ce qu'il a à faire aujourd'hui, il doit aller voir un vieil ami à lui, un vieil ami même pour Thomas et Samuel, ses vieux compères toujours sous ses ordres : son ancien frère de bataille, de galère, Andy...
Samantha et Benjamin, les deux jeunots de l'unité ne sont pas au courant. Surtout pas Samantha, la fille d'Andy... Elle ne souhaite pas parler de son père, elle est déçu de son comportement. Elle comprendra un jour... L'avoir reçu sous son commandement lui pose problème même si elle demeure être un bon soldat, il a peur pour elle, de son avenir, de sa vie... Il la connaît depuis qu'elle est gamine et n'a pas envie un jour prochain d'annoncer à ses parents qu'elle est décédée sous son service.
De plus, son unité n'est toujours pas au complet, il manque toujours une personne... Les officiers lui ont imposés les deux « gamins » mais il a sut trouver les mots juste pour avoir « champs libre » afin de trouver la dernière personne pour composer son unité et il pense à Andy. Les beuveries, les fous rire, les prises de bec, être à ses coté dans les moments difficiles. Tout cela lui manque...

Bien réveillé, café dans l'estomac, il est temps de se mettre en route. Il laisse son équipement rangé au casier, aucune utilité dans Lutèce. Tout est surveillé, contrôlé... Michel n'a pas oublié où se trouve la ferme de son ancien camarade Andy. Il s'y dirige le cœur lourd, il ne sait pas comment lui demander de revenir, il ne sait pas comment lui annoncer que sa fille aînée est depuis quelques mois dans son unité. Il verra sur place...

La trajet lui prend bien une bonne heure, il prend son temps, marchant tranquillement en profitant du soleil qui lui chauffe la peau. Il regarde la vie quotidienne de Lutèce, ça et là une patrouille s'occupe de vérifier les identités de quelques voyageurs, un marchand de fruits s'occupe de son étalage tout en discutant avec des clients potentiels, des gamins jouent avec un ballon a coté des immeubles, une femme s'occupe d'étendre son linge panier à la main. Quel changement depuis l'arrivé de la FNF... Passé le quartier ouvrier, il ne lui reste plus beaucoup de chemin. La ferme d'Andy se trouve en périphérie, non loin des quartiers habités.
La vue des champs de blé lui assure qu'il arrive à destination, l'odeur change... Michel aperçoit la maison au milieu des champs et des tuyaux d'irrigation. Il s'y dirige lentement mais sûrement. Devant la porte, il hésite...

- Allez sac à merde, t'as pas fais tout ce chemin pour rien !!! se dit-il.

Il frappe à la porte... Il entend des bruits de pas qui s'approchent. La porte s'ouvre, dévoilant une jeune fille, une adolescente. Sans doute la petite Marine, la cadette. A la vue du vieux soldat, elle ne dit mots. Caroline arrive quelques secondes après sur le pas de la porte. Michel la salue d'un signe de tête sans en ajouter plus.

- Tiens donc, un revenant ?! Je t'appel Andy, il est en plein boulot.
- Merci Caroline.

Quelques minutes s'écoulent avant de voir le vieux barbu chapeau sur la tête, en tenue de fermier. Il a pas changer mis à part quelques cheveux blancs. Celui-ci se précipite sur lui à sa vue sur le pas de la porte.

- Ah putain Michel c'que t'as vieilli j'arrive pas à le croire, bon sang ça doit bien faire 3 ans non? Plus ou moins? Je sais plus, ah mais on s'en fout, installe-toi ma poule, ton fauteuil préféré est toujours au même endroit j'en prends soin comme si c'était mon fils. Alors, tiens prend un peu de pinard tu veux. Alors, qu'est-ce que tu viens foutre dans ce trou paumé hein? T'es revenu voir un copain de promotion? L'armée t'a viré toi aussi? Raconte-moi les nouvelles!

Michel sent son estomac se nouer, il ne sait toujours pas comment aborder le sujet l'amenant ici.

- Ouais mon vieil ami, ça doit faire au moins ça... D'ailleurs, on peut pas dire que le temps t'as arranger toi aussi vieux filou.

Il entre sur invitation d'Andy à l'intérieur de la maison. Il a raison... Le vieux fauteuil est toujours là. Michel s'y installe tout en prenant le verre de vin qu'Andy lui tend. Il en aurait besoin pour lui annoncer le but de sa visite... Il but de suite une gorgée avant de relever la tête en direction de son vieux compagnon :

- Andy, si je suis ici, c'est pour parler sérieusement toi et moi ! Fit-il affichant un visage sévère.

Par habitude, Caroline sort de la pièce, prenant soin d'amener sa fille cadette avec elle. Elle ne préfère sans doute pas entendre ce que Michel a à dire. Bien qu'elle se doute qu'il y a un rapport avec sa fille aînée ou bien même l'armée.

- J'ai besoin de toi vieux frère. Notre unité est toujours debout, Thomas et Samuel pètent la santé mais on m'a collé deux jeunots sur les bras. Et je sais pas si tu as entendus les nouvelles mais les psycho's ont de nouveau le feu aux fesses. Il y aurait même un chef pour les diriger, leurs attaques sont de plus en plus structurés et ils peuvent vraiment nous poser des problèmes de par leur nombre. J'aurais bien besoin d'une grande gueule comme toi à mes cotés en cas de coups durs.... avant de rajouter en évitant le regard d'Andy, ta fille aînée Sam, elle fait partie des deux jeunots qui nous ont rejoins.

Le vieil ami de Michel tente de garder son calme malgré ce qu'il vient d'entendre. De toute façon, le vétéran ne peut pas le blâmer sur ce coup. Même si lui n'a pas de famille, il s'imagine très bien le genre de réactions qu'il aurait dans un cas comme celui-là. La même... Il voit son ancien camarade grommelait dans sa barbe, en pleine réflexion... L'instant dure quelques minutes, aucuns bruits en prime si ce n'est quelques chuchotements provenant de la cuisine... Lui reste affalé sur le vieux fauteuil, attendant un signe de la part d'Andy. Le silence n'est interrompus que par le raclement de gorge d'Andy :

- Ben on dirait que j'ai pas le choix hein? Si Sam est là-bas, jpeux pas vraiment la laisser toute seule. Elle a déjà eu droit à son baptême du feu ou pas? C'est quoi cette histoire des psychos organisés, tu te rends comptes qu'on parle de malades mentaux complètement débiles qui passent leur temps à dézinguer tout ce qui bouge? Ils ont un chef? C'est complètement délirant! Enfin... Si je peux joindre l'utile à l'agréable en protégeant Sam et en butant du psycho, pourquoi pas... Mais c'est un sacré service que tu me demandes vieux t'en es conscient. Quand j'ai lâché l'affaire c'était pour voir ma famille, maintenant tu me demandes de les abandonner pour retourner risquer ma vieille carcasse. En plus j'ai gardé mon fatras mais jsuis même pas sur que tout ça marche encore.

Michel ne répond pas tout de suite. Son ami sort une autre bouteille de vin, sans doute pour mieux digérer ce qu'il vient de prendre en pleine face. Il remplit de nouveau les verres. Cul sec... Comme à l'ancienne. Andy à l'air déjà éméché, cela doit faire un moment qu'il n'a pas vider un verre aussi vite. Michel en reprendrait bien un troisième mais la bienséance l'en empêche. On ne réclame pas quand on est invité... Il repose le verre sur la table basse devant lui et daigne enfin répondre :

- On a toujours le choix mon ami ! Mais je comprends que tu veuilles la protéger, pour ça que j'suis là d'ailleurs... Je voulais te prévenir en personne. D'homme à homme...Tu le mérites.

Il fait une petite pose, se remémorant les différentes questions qu'Andy lui a posé. Un baptême du feu pour sa fille... Oui, et elle s'en est sortie admirablement, déjouant avec « brio » les différentes situations qu'elle a eut à rencontrer. Que ce soit de la chasse aux Kzertas, du ménage dans les égouts face a Crackosses ou bien même pour repousser les avances de quelques soldats éméchés. Mais pas la peine d'étaler ça à Andy encore choqué par la nouvelle. Maintenant, le vétéran comprends pourquoi Samantha ne veut pas parler de son père... Quand aux psychotiques, oui. Avec les différents rapports qu'on lui a rapporté, on peut dire qu'ils sont de plus en plus dangereux, de plus en plus organisés. Il vaut mieux lui parler de ça plutôt que de sa fille... Andy verrait par lui-même avec elle si il rejoint l'unité. Par contre, la réaction de Sam... Michel ne préfère pas y penser.

- Je suis conscient de ce que je te demandes vieux frère ! Tu n'es pas obligé d'accepter, tu as ta femme et ton autre fille à t'occuper. Je comprendrais ton refus... Et oui, les psycho's ont une tête pensante pour les diriger ! Ils ont déjà attaqué des avants-postes avec une bonne organisation d'après ce que j'ai put voir des différents rapports venant des survivants des attaques.

En fait, Michel a encore soif, tant pis pour la bienséance... Il lève son verre comme durant leurs jeunes années, comme pour réclamer à nouveau le liquide cramoisi lui tenant chaud. Cela fait du bien de retrouver les habitudes du bon vieux temps...

Michel écoute son vieil ami de toujours. C'est qu'il est bavard le bougre, il ne lui laisse pas le temps de répondre qu'il enchaîne les questions et les ressentiments ici et là. L'alcool a toujours eut cet effet-là sur le barbu. C'est aussi pour ça que le sergent apprécie ce type... Ils se resservent un verre, un de plus... Le dernier sans doute, le vieux sergent ne souhaite pas rentrer dans un état lamentable, pas aujourd'hui. Surtout qu'il doit aller voir le major responsable de son unité pour l'avertir du retour d'Andy. Oui c'est le dernier... Pour aujourd'hui du moins...

Samuel et Thomas ! Voilà qu'Andy parle d'eux avec désinvolture, comme au bon vieux temps. Ils en ont connus des galères à eux quatre. Les patrouilles visant à sécuriser les routes, les protections de convois contre d'innombrables pychotiques ou autres saloperies des terres désolées, l'attaque du Gayjin, l'attaque de Notre Dame... Des épreuves ayant renforcé le lien les unissant : a jamais. D'ailleurs, les deux autres vétérans vont être ravis du retour du barbu grande gamelle, ils vont être surpris mais heureux, c'est un fait. Cela va remonter leur moral pourtant à toute épreuve.

- Oui Samuel et Thomas, toujours copains comme cochons ces deux-là ! Je te rassure, rien n'a changé. Ils vont être heureux de revoir ta grande gueule.

Michel termine son verre totalement vide et le repose sur la table-basse de nouveau, pour de bon cette fois-ci... Un de plus et il ne rentrerait pas sur ses deux jambes, debout... Andy le prévient que son équipement est dans la grange. Étrange, la FnF récupère au moins les armures normalement. Autant ses armes sont personnelles mais l'armure assistée, vu le prix et la rareté... Peut être n'ont-ils pas voulu la récupérer au vu de l'état de celle-ci, personnalisée et défoncée comme la plupart des armures des hommes de son unité. Même la bleusaille en a fait de même après avoir entendu Michel leur faire la leçon sur le manque d'adresse et d'agilité des armures complètes.
Andy demande a son futur sergent si celui-ci veut l'attendre ou non et renchaîne sur sa fille juste après... Michel lui réponds dans l'ordre des questions posées ou presque... L'alcool a un peu embrumé son esprit...

- Non vieux frère, je vais te laisser te préparer comme « une grande » et faire tes « au-revoir » à ta femme et ta fille cadette. Tu les embrasseras pour moi... Et t'inquiètes pas pour Samantha, je ne dirais rien. De toute façon, elle ne veut pas parler de toi avec moi, elle sait qui je suis pour toi.... Et pour ta paye au fait, tu auras la même qu'a ton départ... Blanc-bec...

Sur ces bonnes paroles, Michel se lève et fait face à son pote. Ils se serrent la main, se disant à bientôt. Andy le raccompagne à la porte et lui fait une « tape » à l'épaule. Ils se reverront très prochainement... Michel lui, ne se retourne pas et se dirige vers les quartiers d'habitations de Lutèce, à fin de rejoindre sa caserne. Il a un major à prévenir concernant la dernière recrue de son unité. On lui a laissé « carte blanche », c'est ce qu'il a fait, n'en déplaise aux officiers...

Le chemin du retour pour la caserne s'est déroulé sans accrocs. En plein Lutèce, cela aurait été étonnant... L'heure aidant, les rues sont bien plus animées que ce matin. Plus de marchands à l'étalages qui vendent leurs produits tout en faisant la criée afin d'attirer plus de clients, toujours ces enfants qui jouent au ballon mais en plus grand nombre, des gens discutent et vivent leur vie dans les rues maintenant propres du quartier de la défense. Rien à voir avec ce que Michel a vu lors de son arrivé avec Andy, sous les ordres de Madof, il y a quinze ans...

La vie dans la caserne, elle, est toujours la même quelque soit l'heure. Des soldats patrouillent inutilement à la recherche de problèmes qui n'existent pas, certains, en permission jouent au Trashball sur un terrain vague à coté de la base. Une version soft bien sûr, pas la peine de se blesser... D'ailleurs, en y regardant bien, Michel y aperçoit Samuel qui participe à la partie en cours et Thomas, sur le coté du terrain improvisé, sans doute à charrier les joueurs à la moindre « gafferie » de leur part. Michel décide d'aller les rejoindre, non pas pour jouer, mais plutôt pour se poser à coté de Thomas et regarder le match. Très peu pour lui les bousculades gratuites... Thomas lui fait un signe de tête comme pour lui souhaiter bonjour ou autre chose...

- C'est bon « blondinette » ! Il va ramener son cul dans la journée le vieux barbu.Dit Michel.

Thomas rigole à la nouvelle, il est heureux de savoir qu'Andy va faire son retour dans l'unité. Il appel Samuel sans tarder voulant lui annoncer la nouvelle par lui-même. Celui-ci se ramène sans faire plus attention au match, prenant au passage les railleries de certains autres soldats qui sont tout colère qu'il quitte la partie. Il leur répond simplement par un doigt d'honneur en leur direction. Il est comme ça Samuel, il adore les grossièretés.... Comme la majeure partie de l'unité à bien y réfléchir...
La nouvelle tombe de nouveau, mais dans les oreilles du grand « black ». Ou Blanche-Neige comme aime l'appeler Michel.

- Hahahaha on va enfin revoir sa tronche de quake ! J'me demande quelle tête va faire Sam, sa fifille en voyant le bout de sa barbe. Ça va être drôle les gars, j'vous le dis.

Pas sûr que leur retrouvailles soit drôle pense Michel... Mais il ne regrette pas son choix...

A peine sa phrase terminé, Samuel retourne sur le terrain. Prêt a défoncer quelques cotes... Michel lui, se pose a même le sol à coté de Thomas. Ils discutent des nouvelles se faisant entendre ces derniers jours ; les attaques de psycho's, les potins de la caserne comme un tel a couché avec un tel, etc... Ils discutent aussi des jeunes officiers, les jeunes « suceurs » comme ils disent... Une bonne heure passe en discussion stérile mais bien sympathique... Le match terminé, Samuel rejoint ses camarades sur le coté du terrain vague. Il regarde en direction du campement et voit le vieil Andy en discussion avec un blanc-bec à l'entrée de la base. Il hurle pour se faire entendre de celui-ci :

- Hey vieux machin, ON EST LAAAAA

J'entends alors une voix m'appeler. Je me retourne, je vois Samuel, Michel et Thomas au loin, ils sortent d'une partie de Trashball, ça m'étonne pas Samuel adore ce jeu délirant. Les revoir ça me fait sourire comme c'est pas possible, Blanche-Neige, Crâne Rasé et le blondinet, mes 3 potes de l'armée. Putain, les revoir après tout ce temps ça me fait tout drôle, j'arrive pas à le croire sans déconner. Je remercie le petit jeunot qui a pas eu le temps d'en placer une et je fonce voir mes vieux copains. Samuel me prend dans ses bras, j'avais oublié la force prodigieuse que ce type avait, et il s'est pas arrangé avec le temps, il me brise presque les vieux os de mon corps. Thomas est plus réservé, il me serre fortement et cordialement la main, il a toujours l'air aussi blasé de la vie celui-là, jme souviens que dans le temps il respirait déjà pas la joie de vivre alors là...

Ça promet, une équipe de bras cassés, je sens qu'on va bien s'amuser. Je leur souris et soudainement sans que je comprenne d'ou c'est venu, on éclate tous de rire. Ça fait du bien de voir qu'on est toujours aussi débiles tous, j'avais un peu peur qu'ils soient devenus sérieux et intelligents mais heureusement c'est pas le cas, ils sont toujours aussi cons et immatures. Et ça c'est cool.

Alors les bleus-bites, ça roule? Jvous ai manqué hein, jsuis sur que Thomas arrivait plus à trouver les trous pour enfiler son pantalon et que Samuel commençait à pleurer sur vos épaules de tafioles! Bon alors c'est quand qu'on part dehors pour exploser du psycho? Jsuis un peu rouillé, faudrait que jme remette dans le bain. Samuel on devrait se faire un petit Trashball un de ces 4, fait trop longtemps que je t'ai pas ridiculisé ça me manque!

On recommence à bavarder de tout et de rien, ils me demandent des nouvelles de Caroline et Marine, c'est vrai qu'ils les connaissent eux aussi. Sacré nom d'une pipe y avait si longtemps! J'en profite pour sortir mes armes, je les démonte et je commence à nettoyer et remettre en état le tout, parce que faut pas déconner là j'ai l'air d'un con avec mon matos tout foutu et pas entretenu. Le blondinet me file un coup de patte, il a toujours eu du talent pour traficoter les trucs mécaniques, d'ailleurs il a toujours du matos de réparation sur lui, accroché à la botte, complètement fou celui-là.

Au fait, ou qu'elle est Sam? Et ou est le dernier membre de l'unité? Je croyais qu'il y avait 2 nouveaux dans le tas? Impatient de rencontrer ces 2 gamins moi.

La petite troupe rigole bien, le retour d'Andy fait chaud au cœur pour les trois autres vétérans. Il a toujours sa grande gueule et sa répartie... Ils évoquent un peu le passé, leurs vieilles missions, leurs vieux coups de gueules après certains officiers, leurs séjours aux trou pour insubordination, la famille d'Andy. D'ailleurs en parlant de famille, le silence s'installe après sa dernière question :

- Au fait, ou qu'elle est Sam? Et ou est le dernier membre de l'unité? Je croyais qu'il y avait 2 nouveaux dans le tas? Impatient de rencontrer ces 2 gamins moi.

Thomas et Samuel regardent Michel, attendant que ce soit lui qui réponde. Sans doute de peur de sortir une connerie, c'est bien leur genre... Surtout Samuel, il a jamais sut faire dans la finesse... Une fois, pour draguer une femme, il a été capable de sortir son engin devant elle, en lui demandant de caresser la bête... Inutile de dire que la jeune femme est parti en courant le plus loin possible de cet énergumène.
Retour au présent, Andy attend une réponse, Michel prend la parole :

- Ta fille doit traîné dans le coin va, t'inquiète pas... Benjamin, l'autre jeunot ne doit pas être loin de Sam. A vue de nez, je dirais qu'ils sont dans la caserne de notre unité. Mais avant, on doit aller tous les deux voir Da Silva, c'est l'officier responsable de notre escouade. Tu va voir, un vrai con mais il est coulant avec nous.

Michel l'invite à le suivre à l'intérieur de la base, au sein des bureaux des officiers ayant un peu d'importance. Da Silva se trouve généralement là alors c'est par là que les deux camarades se dirigent. Dans les couloirs, ils croisent quelques grattes-papiers ainsi que des officiers. Les deux comparses saluent ces derniers à leur passage, prenant soin d'éviter de les frustrer. Inutile de s'attirer des ennuies maintenant après tout... Au bout de quelques minutes à errer dans les couloirs, ils tombent enfin devant son bureau.

- Andy, tu me laisses parler, ok ? Et réponds lui que s'il te le demande.

Andy ne réponds pas, sans doute qu'il n'y a rien à dire de plus... Le sergent frappe à la porte et attend une réaction à l'intérieur de la pièce. Quelques secondes interminables s'écoulent et enfin :

- Entrez !!!

Ils entrent dans la pièce sans rien dire. Da Silva est assis sur son fauteuil, derrière son bureau. L'homme n'est pas imposant par sa carrure et sa taille et ce n'est pas son costume d'officier qui l'arrange. Coiffé court, moustache finement taillé et petite barbiche, il a la classe... Selon lui... Il regarde les deux hommes entrant dans son bureau, ne bougeant pas de son confortable fauteuil. Les deux soldats se mettent au garde à vous devant le bureau :

- Lieutenant Da Silva, je viens vous présenter la dernière recrue de mon unité. Comme vous me l'avez autorisé, j'ai choisi le meilleur à ma disposition. Il se nomme Andy Maillard et vous pourrez voir dans votre paperasse que c'est pas une bleusaille lui. Il a baroudé, tout comme moi...

Le lieutenant regarde attentivement le nouvel arrivant. Il le toise du regard...

- J'ai entendu parler de vous Mr Maillard ! Votre fille fait partie de l'unité si je ne me trompe pas ? J'espère que la confiance que vous porte le sergent Barric est justifié, je m'en fous de vos états de service et je ne veux pas d'embrouille, c'est bien clair ?

L'officier trentenaire regarde avec suspicion le barbu à la grande gamelle. Il se caresse la moustache et perd son regard dans le vide essayant de signaler une quelconque réflexion aux deux soldats debout devant lui. Il réfléchit à ce que viens de lui dire ce brave Andy... Michel lui, reste impassible à ses cotés, il ne dit rien et n'as envie de rien dire de toute façon. Il attend la réponse de Da Silva qui ne se fait pas attendre trop longtemps :

- Bien Mr. Maillard, je vois que vous pouvez vous montrer aussi courtois que votre sergent ici présent... Quand à votre fille, si son devoir est d'y passer pour le bien de la FnF, et bien elle s’exécutera tout comme vous ou votre unité ! Je me suis bien fait comprendre ?

Ahhh ce brave Da Silva, toujours a vouloir le dernier mot... Il est comme ça, il n'aime pas les gens ayant une plus grande gueule que lui... Il sait qu'il est mal tombé avec l'unité du sergent Barric... Ils ont toujours quelques choses à ajouter, à critiquer, ils aiment pinailler comme Da Silva le dit si bien... Mais ce n'est qu'un tremplin pour sa carrière, il est promis à en accomplir une grande et prestigieuse, alors il patiente du mieux qu'il peut dans son bureau en restant au chaud... Michel sent la pression monter entre les deux hommes, Andy aussi aime bien l'avoir, le dernier mot... Le vieux sergent décide d'intervenir dans la conversation pour y couper court et éviter un séjour au trou à son ami:

- Vous inquiétez pas Lieut'nant Da Silva, vous avez été très clair et vous devriez savoir qu'on est tous "ravis" de tomber pour la FnF, c'est notre travail après tout !... On peut disposer ?

- Faites donc...Dit Da Silva fourrant de nouveau son nez dans la paperasse garnissant son bureau.

Les deux hommes sortent du bureau sans se faire prier. Michel est bien heureux d'être enfin sorti, Andy aussi sûrement... La rencontre n'a duré qu'un court laps de temps mais Da Silva est vraiment un con arrogant et prétentieux. Le vieux sergent a appris à faire avec, ce n'est pas la première fois qu'on lui mets des jeunes cons en travers des pattes.... Au moins, les présentations sont faites, Andy est officiellement de nouveau dans son unité et c'est bien le principal...

Les vieux briscards sortent sans plus tarder des coursives de la base pour se retrouver de nouveau en compagnie de Samuel et Thomas qui ont bien sagement attendu le retour des deux vétérans à l'entrée du bâtiment administratif.
Michel prend tout de suite la parole, devançant Samuel qui commençait à ouvrir sa grande bouche :

- Bon les filles, je vous laisse faire découvrir à Andy notre beau petit coin de paradis, faites lui prendre ses quartiers et laissez lui le matelas le plus pourri. La vie à la ferme, ça nous change un homme, hein Andy ? Moi, j'ai des choses à faire...