Mon retour au bercail ne fut pas des plus joyeux. Toutes les personnes que j'avais croisées au alentours du marché de la gare semblaient apeurées. Tournant à un coin de rue, je pus voir l'horreur. La Péniche, ou plutôt ce qu'il en restait, n'était plus qu'une charogne calcinée. Je partis en courant et stoppa net le premier passant venu en lui demandant, avec une voix empreinte de terreur:
" Qu'est-ce qui s'est passé! Pourquoi ce bateau a-t-il brûlé? DITES-LE MOI BON DIEU!
- Woah calme-toi! Le marché a subi un attentat. Des psychos. Ils sont ensuite venus ici et on fait cramer le rafiot avec tout ceux qui étaient à l'intérieur. A ce qu'il parait, ces psychos cherchaient des gars qui se faisaient nommer << Cathares >>. Je sais pas pourquoi et...
Je le laissait débiter ses paroles et partit, n'entendant plus rien autour de moi. Morts...la Fraternité. Tous morts... Comment cela se pouvait-il?
Je me mis à marcher sans but, arpentant le ruines sans regarder autour de moi. Ces gens me faisaient confiance. Nous pensions pouvoir améliorer ce monde. J'avais trouvé un petit carnet ainsi qu'un crayon encore en bon état et je me mis à écrire, lorsque je m'arrêtais à un endroit. J'écrivais mon histoire, ce que j'avais tenté. Nous étions tous optimistes, tous confiants. Un peu trop peut-être. Ca a du participer à notre destruction. Seul je ne pouvais rien faire.
Les jours passant, je commençais à me négliger. J'avais tenu à me maintenir un minimum propre (selon les critères des TDs) et entretenu. Ma barbe commençait à devenir drue. Mes cheveux étaient emmêlés, mes vêtements, plus sales qu'ils ne l'avaient jamais été. Je me nourrissais peu, ne dormais pas. Tout ce que j'avais voulu construire avait été détruit. Ma vie avait-elle encore un sens?
Cette question hantait mes jours et mes nuits. Plusieurs fois déjà, le canon de mon fusil était venu se loger sous ma mâchoire, dans ma bouche ou contre mon coeur sans pour autant que la balle ne parte. Qu'est-ce qui me poussait à rester en ce monde?